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In My Bed
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Dates2023 - Ongoing
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Author
- Location Paris
Pour le projet “Dans mon lit”, j’avais envie d’explorer l’idée de me connecter intimement à de parfaits inconnus à travers l’espace. C’est avec Hanna, ma première invitée, que tout débute. Cet après midi-là, nous nous sommes retrouvées, face à face
C’est durant mes années londoniennes que le projet “Dans mon lit”voit le jour. J’avais envie d’explorer l’idée de me connecter intimement à de parfaits inconnus à travers l’espace, la photo et le dessin.
C’est avec Hanna, ma première invitée, que tout débute. Cet après midi-là, nous nous sommes retrouvées, face à face, dans un espace à la fois intime et étranger, créant une ésotérique connexion entre nous deux. Sa mélancolie et sa vulnérabilité se reflétaient dans ma propre curiosité intérieure, générant un espace psychique propice au partage de nos pensées immatures et timides. Le lien s’était créé subrepticement …. il avait grandi indépendamment de l’étrangeté de la situation, culminant en une étreinte sincère à l’issue notre séance. À ce moment-là, nous n’étions plus des étrangères, mais des individus qui aspiraient à être vus. C’est comme ça que ma minuscule chambre était passée d’espace disponible à protagoniste à part entière de ce projet. Elle était le médium nous permettant de nous révéler. En ouvrant mon espace intime à mes sujets, en les accueillant sur mon lit, j’accueillais leur être, tel quel, leur offrant sécurité et confort. Cet espace, si cher à mon cœur, était devenu un canal par lequel je pouvais partager non seulement leurs points de vue, mais aussi les miens. Préparer ma chambre et mon lit pour chacune des séances était devenu un rituel, un jeu psychologique qui, je le croyais, permettrait à mes invités de se sentir à l’aise et de se connecter émotionnellement à moi. Je me suis vite rendu compte que l’utilisation de l’argentique me permettait de ralentir le rythme et d’affiner mon travail après avoir construit une zone de confort avec eux. En conséquence, je pouvais me dédier totalement à chaque étape du processus, en offrant assez temps, des pauses nécessaires et des silences afin de favoriser une communication sincère. La plupart du temps, joueurs et curieux mes invités centraient leurs questions sur mon espace, mes techniques, les amenant peu à peu à dévoiler leurs propres histoires. En les invitant à partager ma passion, un fort sentiment d’appartenance se créait comme celui unissant de vieux amis. Après chaque rencontre, j’ai pris le temps de m’asseoir et de penser à ces interactions à travers mes dessins. Contrairement aux photos, les dessins me permettraient de me repositionner à nouveau au centre de mon espace. Quelle avait été ma dernière impression ? Comment m’étais-je sentie ? M’étais-je rapproché de moi-même durant ce processus ?
« Autrui, c’est l’autre, c’est-à-dire le moi qui n’est pas moi. »
Jean-Paul Sartre.